Vins de Lalande-de-Pomerol : « On préfère l’être au paraître »
Alors que l’appellation organise ce week-end ses journées portes ouvertes, son président revient sur ses spécificités et son actualité.
Assurément, Philippe Durand-Teyssier, président de l'appellation
Lalande-de-Pomerol, est une crème pour les journalistes. Celui qui n'a
franchement pas la langue cadenassée dans la poche distille son pesant
de petites et jolies phrases lorsqu'il évoque les vignes et vignerons de
son territoire. À quelques heures des portes ouvertes (1), il revient
sur les particularités et l'actualité de son appellation, voisine des
prestigieux Pomerol. En préambule de l'entretien, il débute d'ailleurs
par ces mots : « Lalande est à Pomerol ce que Versailles est à Paris »…
« Sud Ouest ». En 2013, vous définissiez Lalande-de-Pomerol comme une appellation à taille humaine. Ça veut dire quoi ?
Philippe Durand Teyssier. Nous avons encore la chance dans cette appellation d'avoir de la lumière aux fenêtres le soir et de la fumée qui sort par les cheminées l'hiver. Nos propriétés ne sont pas éclairées de l'extérieur mais de l'intérieur. On essaie de préserver cette identité. On préfère l'être au paraître.
Ce qui veut dire ?
À l'heure actuelle, on a dénaturé un peu la viticulture. Beaucoup considèrent les propriétés comme des placements, des plus-values latentes sur le foncier. Ici, on essaie de garder des valeurs, une identité et de ne pas succomber aux sirènes. Mais bon, un jour ou l'autre, on passera certainement à la casserole car nous disparaîtrons nous aussi…
Concernant le foncier justement, quelle est la moyenne de prix de vente sur l'appellation ?
C'est entre 250 000 et 300 000 euros l'hectare, même un peu plus à certains endroits.
Après l'investissement de François Pinault (château Siaurac, NDLR), sentez-vous un intérêt croissant des grands groupes, des étrangers… ?
C'est ce qui nous fait peur. François Pinault aime sûrement le vin mais il a aussi certainement investi dans le coin parce que Bernard Arnault a pris des billes dans Cheval-Blanc… Ce sont des financiers. Mais nos craintes s'adoucissent avec la taille de nos propriétés. Nous avons 161 viticulteurs sur 1150 hectares, donc de petites unités et nous gardons ce caractère familial. Il faut le conserver. Rester dans l'humanisme et ne pas dériver vers le bling-bling. Et puis, nous avons la chance d'avoir une appellation avec trois sols et typicités très différents qui peuvent répondre à tous les goûts. Nous ne sommes pas dans le monocorde.
Que pensez-vous du millésime 2014 ?
Je le qualifierai de « deo gratias » (expression latine signifiant « rendons grâce à Dieu », NDLR). Nous avons eu en juillet et août dernier un sale temps. En réunion pré-vendanges, on avait du vert, du rosé, du pourri… Et puis, début septembre et durant tout l'automne, ce fut extraordinaire, le soleil a tapé. On a eu de la chance, on aurait pu avoir une très mauvaise récolte. Au final, nous n'avons pas une récolte énorme mais elle est d'une qualité surprenante.
Ce week-end, l'objectif est de s'ouvrir au monde extérieur ?
C'est une façon de s'ouvrir aux autres, que les viticulteurs fassent partager leur travail, qu'ils en soient fiers. La création d'un vin résulte d'une harmonie particulière. C'est pour ainsi dire magique. Il est important que les vignerons, qui sont des passionnés, sinon ils font de la piquette, le montrent et en parlent.
Rendez-vous samedi et dimanche dans une vingtaine de châteaux. Renseignements au 05 57 25 21 60.
Philippe Durand Teyssier. Nous avons encore la chance dans cette appellation d'avoir de la lumière aux fenêtres le soir et de la fumée qui sort par les cheminées l'hiver. Nos propriétés ne sont pas éclairées de l'extérieur mais de l'intérieur. On essaie de préserver cette identité. On préfère l'être au paraître.
Ce qui veut dire ?
À l'heure actuelle, on a dénaturé un peu la viticulture. Beaucoup considèrent les propriétés comme des placements, des plus-values latentes sur le foncier. Ici, on essaie de garder des valeurs, une identité et de ne pas succomber aux sirènes. Mais bon, un jour ou l'autre, on passera certainement à la casserole car nous disparaîtrons nous aussi…
Concernant le foncier justement, quelle est la moyenne de prix de vente sur l'appellation ?
C'est entre 250 000 et 300 000 euros l'hectare, même un peu plus à certains endroits.
Après l'investissement de François Pinault (château Siaurac, NDLR), sentez-vous un intérêt croissant des grands groupes, des étrangers… ?
C'est ce qui nous fait peur. François Pinault aime sûrement le vin mais il a aussi certainement investi dans le coin parce que Bernard Arnault a pris des billes dans Cheval-Blanc… Ce sont des financiers. Mais nos craintes s'adoucissent avec la taille de nos propriétés. Nous avons 161 viticulteurs sur 1150 hectares, donc de petites unités et nous gardons ce caractère familial. Il faut le conserver. Rester dans l'humanisme et ne pas dériver vers le bling-bling. Et puis, nous avons la chance d'avoir une appellation avec trois sols et typicités très différents qui peuvent répondre à tous les goûts. Nous ne sommes pas dans le monocorde.
Nous avons la chance d'avoir une appellation avec trois sols et typicités très différents qui peuvent répondre à tous les goûts.
Que pensez-vous du millésime 2014 ?
Je le qualifierai de « deo gratias » (expression latine signifiant « rendons grâce à Dieu », NDLR). Nous avons eu en juillet et août dernier un sale temps. En réunion pré-vendanges, on avait du vert, du rosé, du pourri… Et puis, début septembre et durant tout l'automne, ce fut extraordinaire, le soleil a tapé. On a eu de la chance, on aurait pu avoir une très mauvaise récolte. Au final, nous n'avons pas une récolte énorme mais elle est d'une qualité surprenante.
Ce week-end, l'objectif est de s'ouvrir au monde extérieur ?
C'est une façon de s'ouvrir aux autres, que les viticulteurs fassent partager leur travail, qu'ils en soient fiers. La création d'un vin résulte d'une harmonie particulière. C'est pour ainsi dire magique. Il est important que les vignerons, qui sont des passionnés, sinon ils font de la piquette, le montrent et en parlent.
Rendez-vous samedi et dimanche dans une vingtaine de châteaux. Renseignements au 05 57 25 21 60.
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