mercredi 23 septembre 2015

CLOS LA PETITE CROIX - Pierre BRUNOT

C’est la plus petite propriété de France disposant d’un chai et qui vend sa modeste production à des ministres français ou des chefs d’État.


La Petite Croix, un grand attrait
Les vendanges se sont faites en famille et entre amis, dimanche, sur la petite propriété. ©
photo linda Douifi

par Jean-Charles Galiacy
jc.galiacy@sudouest.fr

Dimanche, les vendanges se sont opérées en un peu plus de quatre heures. Petit dej'et pique-nique compris. Au clos la Petite Croix, sur l'appellation Lalande-de-Pomerol, on fait les choses en petit. Le domaine viticole affiche fièrement 3 800 hectares de vignes, ce qui en fait, selon son propriétaire Pierre Brunot, « la plus petite propriété disposant d'un chai en France ». Difficile de vérifier mais une certitude : la parcelle est effectivement minuscule.
Dans les rangs, sous un beau soleil dominical, ils étaient très exactement 38 paires de mains à ramasser les grappes dont de valeureux bambins. À 8 h 30, sur le pont, ils ont pu attaquer le méchoui en début d'après-midi, après avoir terminé la récolte qui accouchera d'une production d'environ 2 500 bouteilles. Une année faste.
Le petit bout de terre attire les grands de ce monde en tout cas. Le président du Togo (Faure Gnassingbé, NDLR), par exemple, commanderait très exactement 600 bouteilles pour chaque millésime. « Il est très attaché au fait d'être le seul et unique à pouvoir servir ce vin lorsqu'il reçoit des invités », précise Pierre Brunot.
Déjà, il y a quelques décennies, Pierre Bérégovoy et Robert Boulin étaient semble-t-il très friands du clos la Petite Croix lorsque le grand-père était aux manettes. Là encore, difficile de vérifier… Mais aujourd'hui, trois ministres de l'actuel gouvernement, dont les noms restent tenus secrets, seraient clients fidèles de la mini-production. L'un d'eux serait même venu y faire un tour en mai dernier.
Soutirage à l'esquive
Le petit fiston, titulaire d'un BTS viti-oeno puis parti en Californie se faire la main pour la Winery Vérité (appartenant au groupe Kendall Jackson), a repris le domaine en 2011 et souhaite aujourd'hui promouvoir son vin comme l'un des grands de la région.
Il s'est tout d'abord entouré d'un œnologue de renom : Emmanuel Villega, ancien conseillé auprès des châteaux Cheval-Blanc et La Dominique, à Saint-Emilion. Celui qui est négociant à la ville et vigneron aux champs utilise également des techniques plutôt exceptionnelles et habituellement réservées aux grandes propriétés, à l'instar du soutirage à l'esquive avec contrôle à la bougie.
« On fait tout comme autrefois, livre le viticulteur du week-end. Évidemment, les vendanges s'effectuent à la main et nous réalisons des vendanges vertes au printemps. » Bientôt, fini le tracteur, un cheval sera présent pour travailler les sols.
Compliqué, en revanche, de se procurer une bouteille dont le prix varie entre 25 et 27 euros. Les veinards pourront éventuellement en dégoter une dans l'une des rares foires aux vins de supermarchés où le clos est présent : à Caudéran ou Saint-Médard-en-Jalles notamment.
L'agrandissement du domaine n'est pas pour tout de suite. « Pour le moment, il n'y a pas cette ambition puisque j'ai mon activité de négociant par ailleurs, explique Pierre Brunot. Comme quelqu'un qui va au foot, moi je vais à la vigne les week-ends. Peut-être, un jour, nous prendrons un peu plus de surface, si j'ai une opportunité ! » Pour l'heure, le vigneron se sent très bien dans son petit monde.
Renseignements : contacter Pierre Brunot au 06 47 97 19 81.

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